Pierre-Gaël Chantereau,Président-Directeur Généralde Nokia France
Alexandre Ibanez, Président du GIE VR Connection
Quels sont, selon vous, les aspects cruciaux à aborder et à mettre en avant avec Infralliance aujourd’hui ?
Sur quels sujets le collectif devrait-il particulièrement focaliser ses efforts dans les semaines, mois et années à venir ?
Je vais me positionner du côté des utilisateurs et des infrastructures.
Pour nous, il est crucial de partager nos problématiques, comme nous l’avons fait aujourd’hui dans cette discussion croisée. À mon humble avis, cette démarche revêt une importance plus générale pour nos organisations, surtout pour la nôtre, car nous sommes conscients que nous ne sommes responsables que d’une partie de la chaîne.
Il est impératif de nouer des partenariats avec les acteurs des infrastructures afin de surmonter les problématiques sur lesquelles nous n’avons actuellement pas prise. Nous avons besoin de partager nos préoccupations avec les acteurs des infrastructures réseau et de sensibiliser les acteurs publics et privés de notre pays et de l’Europe sur l’importance de remonter ces sujets à la direction générale. Souvent, nous nous retrouvons dans des situations où la responsabilité est renvoyée entre différentes entités, ce qui entrave l’innovation.
Actuellement, il semble que des innovations soient bloquées par la peur et l’incertitude des DSI, qui ne sont pas toujours soutenus ni compris dans l’importance de leurs sujets. Cette situation conduit à des blocages car les DSI, légalement responsables de ce qui se passe à l’intérieur de leur système, peuvent être réticents à adopter de nouvelles technologies. Il est crucial d’engager une discussion approfondie et de sensibiliser les directions générales sur ces enjeux.
En tant que fournisseurs de solutions, nous sommes souvent confrontés à des obstacles lors de déploiements massifs, en particulier dans le secteur public, où les décisions d’achat sont prises sans consultation préalable des DSI. Cela peut entraîner des retards importants et des coûts supplémentaires, mettant en péril la survie des entreprises innovantes et des start-ups. Il est essentiel de créer des discussions entre les opérateurs d’infrastructures, les fournisseurs de solutions logicielles et les utilisateurs dès le départ, afin de résoudre ces problèmes à la source.
Nous avons vécu cette réalité et avons été soutenus par les pouvoirs publics, mais cela souligne la nécessité de revoir la manière dont les projets sont abordés. Nous devons prendre le problème à la racine et engager des discussions plus collaboratives entre tous les acteurs concernés, plutôt que de laisser les fournisseurs de solutions agir seuls en portant la responsabilité du processus.
Une communication globale et proactive est essentielle pour sensibiliser et faciliter l’adoption de solutions innovantes.
Selon moi, nous devons veiller à ce que la question de la gestion des données et de l’infrastructure ne soit pas uniquement l’apanage des DSI, mais qu’elle devienne un enjeu traité au plus haut niveau de la direction de l’entreprise. Bien que certaines entreprises amorcent ce changement, il reste encore beaucoup de progrès à faire.
Nous devons briser les cloisons et élargir la discussion au-delà de nos cercles habituels. La gestion des données doit devenir une préoccupation de premier plan. Pourquoi ?
Parce que la compétitivité d’une entreprise repose de plus en plus sur ses données. Les cybermenaces qui pèsent sur cette compétitivité sont désormais une préoccupation qui doit remonter jusqu’au sommet de la direction générale de l’entreprise. Ce ne peut plus être relégué à un niveau inférieur. Les menaces cyber, même pour une entreprise du secteur des transports, doivent être considérées comme une priorité stratégique.
Dans le contexte actuel, où la perte de données peut avoir des conséquences profondes et difficilement réparables sur une entreprise, il est impératif d’élever la gestion des risques cyber au plus haut niveau. Le simple fait que ces risques existent maintenant et qu’ils ont le potentiel de perturber gravement les opérations exige une vigilance et une attention constantes.
